FRANK TAPIRO : UN TINTIN AU CONGO

Andréa Ngombet
3 min readMar 21, 2021

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Franck Tapiro à Brazzaville

La mécanique est bien huilée. Un taulier de la com’ française Frank Tapiro a tenté le hacking émotionnel avec la complaisance de FranceInfo. Son algorithme lui a dicté les “keywords” pour espérer un “growth hacking” de l’opinion noir africaine et congolaise. À chaque élection, Denis Sassou Nguesso et son “sorcier blanc” Jean Paul Pigasse (l’oncle de l’autre — oui, l’autre de Mediawan, Mathieu Pigasse — ) recyclent le même argumentaire putride pour se défendre. Cette année c’est Frank Tapiro qui a joué le Monsieur Loyal de ce nouveau Batouala, “véritable élection nègre”.

La créativité sur ce coup n’a pas été au rendez-vous. Sa proposition pour cette élection commence par une tentative de parasitisme du hashtag #Sassoufit avec #SassoufitPas. Hélas, l’armée de bots et de trolls déployés n’ont pas réussi à s’imposer face à la sueur et au sang qui portent l’original. Elle se poursuit par une conférence de presse que n’aurait pas reniée le PolitBuro soviétique avec la fausse journaliste ingénue, vraie militante du candidat Sassou qui pose une question sur la place des femmes dans la société congolaise. C’est plus que minable, nous sommes dans le registre de l’escroquerie commerciale et publique tellement la ficelle est grosse.

Frank Tapiro est une réincarnation du vendeur-négrier avec sa pacotille. C’est un adage raciste bien connu, “l’émotion est nègre”. Datakalab, la société de Tapiro a fait de l’émotion son business. Son Hémisphère droit — son autre société — n’hésite pas à titiller les bas instincts des opinions africaines. Tapiro dit à France info : “Le président [Sassou Nguesso] est formidable, ce n’est pas du tout un dictateur. Venez ici, vous allez voir. Arrêtez d’écouter cette espèce de parole néo-coloniale, et je dirais même raciste, qui tend à dire que dès qu’on est un ancien militaire et depuis plus de 30 ans au pouvoir, on est forcément un dictateur, ce n’est pas sérieux”.

Il tente ici une technique propre au fascisme et à l’extrémisme qui consiste en l’inversion victimaire. Le bourreau se fait victime et la victime devient le bourreau. Denis Sassou Nguesso l’homme qui a marché sur la vie de plus de 10% de la population congolaise de l’époque, soit 400 000 morts selon Eric Denécé, pour revenir au pouvoir en 1997 est présenté comme un type formidable mais surtout, Frank Tapiro franchit le rubicon de la propagande anti-française en assimilant toute critique d’un autocrate africain comme une doxa “raciste et néo-coloniale”. C’est d’autant plus dangereux que cette rhétorique est celle des suprémacistes noirs, souvent antisémites, qui ont tué à l’Hyper-casher de Vincennes ou encore torturé Ilan Halimi. Les propos de Tapiro sont de l’ordre de l’arme théorique qui pourrait alimenter le passage à l’acte des extrémistes anti-français.

Les algorithmes n’ont aucune éthique, Frank Tapiro aussi visiblement. Le raciste néo-colonial dans cette affaire c’est bien lui en réalité. Sa cible via FranceInfo est bien la frange séparatiste d’origine africaine de la société française.

Face à cette dérive et cette irresponsabilité de l’industrie de la communication hexagonale, nous réclamons depuis plusieurs années la transparence de cette industrie sous la forme d’un FARA ACT à la française. Il est nécessaire et utile pour le public de savoir combien d’argent, comment et pour quel potentat ces négriers de la communication travaillent. Frank Tapiro fait dans l’escroquerie, l’abus de faiblesse d’un vieux tyran.

Le savoir-vivre le plus élémentaire dit qu’on ne parle pas en mangeant ; il faut croire que Tapiro ne s’en soucie guère !

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