MINDOULI : NOUVEAU THÉÂTRE DE LA RIVALITÉ SINO-INDIENNE

Andréa Ngombet
2 min readApr 19, 2021

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La cimenterie Diamond Cement inaugurée en fanfare en Janvier 2018 est déjà en faillite. Cette perspective contrarie le slogan volontariste de la diversification économique. La République populaire de Chine qui s’est octroyée un monopole depuis 2002 sur le ciment en République du Congo n’avait pas vu d’un bon œil cette intrusion de capitaux de son rival indien.

Gare de Mindouli, République du Congo

Comme le rapportait le magazine Capital en juillet 2019, injonction était faite aux entreprises de BTP chinoises de ne se fournir en ciment que dans les cimenteries chinoises du pays :

“Deux cimenteries chinoises verrouillent aussi l’approvisionnement des entreprises chinoises qui construisent les travaux pré-financés par Pékin. […] “En avril 2018, trois entreprises chinoises sont venues nous acheter notre ciment. Elles ont arrêté au bout de quatre à cinq mois”. Ces entreprises auraient été rappelées à l’ordre de ne se fournir que dans les deux cimenteries chinoises: “Vous êtes Français? Imaginez que les autorités de votre pays vous obligent à ne fréquenter que des restaurants français au Congo !”, s’amuse — et s’indigne — l’entrepreneur togolais, sous le regard approbateur de son contrôleur financier, un Indien.” — Afp. “Accord Congo Et FMI: Les Minces Espoirs D’une Usine De Ciment Broyée Par Les Crises.” Capital.fr. July 26, 2019. https://www.capital.fr/economie-politique/accord-congo-et-fmi-les-minces-espoirs-dune-usine-de-ciment-broyee-par-les-crises-1345988.

La faillite de la cimenterie Diamond Cement de Mindouli aurait-elle pu être évitée ? Oui, au titre du Fonds Covid-19 ou des dispositifs de relance économique dont se vante le régime congolais. La République du Congo peut-elle sauver cette cimenterie ? visiblement non, car elle est depuis 2016 dans une situation de vassalité complète vis à vis de Pékin. La violation de notre souveraineté par l’injonction à des entreprises, sur le territoire congolais, de ne se fournir qu’auprès de cimenteries chinoises n’avait eu aucune réponse significative du côté des autorités politiques. Il a été cyniquement orchestré la mort de cette entreprise qui employait jusqu’à 375 locaux dans une région déjà sinistrée par les conflits armés. Avec le retour de la haute intensité dans le conflit sino-indien pour le contrôle de l’Aksai Chin, l’escalade entre les deux géants asiatiques se poursuit sur le continent africain. Mindouli, où se trouve l’un des minerais de cuivre le plus pur au monde, est un nouveau théâtre de la rivalité sino-indienne.

Diamond Cement dans une large mesure est une victime collatérale du regain de tension entre la Chine et l’Inde. Après les intérêts miniers australiens c’est donc au tour des intérêts commerciaux et industriels indiens de subir le supplice chinois en terre africaine.

Les démocrates n’acceptent pas ce monopole chinois sur le ciment au détriment des emplois pour les Congolais. L’Inde, la plus grande démocratie au monde, ne doit pas aussi l’accepter.

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